Le faiseur de machines rétro-futuristes nous plonge dans ses créations empruntées au domaine industriel et à la littérature de Jules Verne, comme une mise en abîme d'un monde en réduction, témoignant de son déclin et de ses avancées. Un grand enfant et non moins artiste de talent qui met le doigt sur le thème du progrès à travers ce qu'on pourrait qualifier de "machinartion". Marika Nanquette 2009
Le faiseur de machines rétro-futuristes nous plonge dans ses créations empruntées au domaine industriel et à la littérature de Jules Verne, comme une mise en abîme d'un monde en réduction, témoignant de son déclin et de ses avancées. Un grand enfant et non moins artiste de talent qui met le doigt sur le thème du progrès à travers ce qu'on pourrait qualifier de "machinartion". Marika Nanquette 2009
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Biographie de Pierre-Gilles Chaussonnet
Le faiseur de machines rétro-futuristes nous plonge dans ses créations empruntées au domaine industriel et à la littérature de Jules Verne, comme une mise en abîme d'un monde en réduction, témoignant de son déclin et de ses avancées. Un grand enfant et non moins artiste de talent qui met le doigt sur le thème du progrès à travers ce qu'on pourrait qualifier de "machinartion". Marika Nanquette 2009
Pierre-Gilles Chaussonnet, 20000 lieux sous les rêves :
Le travail de Pierre-Gilles Chaussonnet consiste en un savant mélange des genres, qui réunit au sein d’un même dispositif, l’imagerie onirique de l’enfance et la vigueur parfois austère de l’esthétique industrielle.
À partir de machines dont il prélève les composants, il conçoit des engins tout à la fois inquiétants et dociles, mis au service du rêve. Tout un univers de modèles réduits « mis en boîte », enchâssés au cœur de structures imposantes, révélant la délicatesse et la sensibilité de scénettes nostalgiques, historiques, poétiques, ou humoristiques.
Des maquettes de la vie pour fixer des instants, instantanés de la mémoire à l’esthétique rétro futuriste, qui soulèvent implicitement la question de l’évolution technologique, du savoir-faire et du renoncement.
Pierre-Gilles Chaussonnet a interrompu un parcours scientifique pour intégrer les arts plastiques qu’il jugeait plus à même de répondre à ses attentes.
Son imaginaire, s’est tout autant nourri de romans de Jules Vernes, de littérature, de bande dessinée et de cinéma de science-fiction, que de design et de technologie.
Fasciné par les maquettes officielles d’avions et de fusées que recevait pour validation son grand- père responsable à la délégation aux armements, il a peu à peu créé un monde, où les objets élaborés à partir d'organes mécaniques récupérés sur des machines puis détournés, sondent la notion d’utilité et remettent en question le système de production industriel et son évolution.
Fabrice Pincin - mars 2008
(Fabrice Pincin est enseignant à l‘École Supérieure des Beaux-Arts de Marseille (Luminy). Il organise des ZEP, Zone d’Échange Privilégiée, dans lesquelles il fait intervenir des plasticiens, conservateurs, designers…)
Pierre-Gilles CHAUSSONNET : grand machinateur du réel :
La démarche consiste à dérégler les proportions du monde. Sans lésiner sur l’huile de coude tout en se réappropriant le ready-made, Pierre-Gilles Chaussonnet invente une nouvelle cartographie qui aurait séduit le capitaine Némo. Les dichotomies se multiplient sensiblement : dans un usinage à la fois pessimiste et porteur d’espoir, alternant le microcosme des saynètes et l’imposant format des productions, une esthétique industrielle s’oppose à un onirisme dédié à l’enfant qui persiste en nous (et qui aimerait parfois que la vie soit aussi simple que dans un camp de soldats de plomb ou sur un train électrique). Entre mise en boîte et mise en bière, ces «aquariums» vides d’eau ne le sont pas de sens ni de références ; l’artiste s’interdit de dicter des interprétations (évitant de titrer ses œuvres) et échappe lui-même au clivage : l’homme est élégant, fait preuve d’une classe à la John Steed mais arbore treillis et baskets, et son regard brille d’une pointe d’ironie permanente. D'un air détaché, il actionne insidieusement le bouton de la gravité. Les formes sont travaillées dans un superbe atelier rempli de machines qui semblent sortir d’un hangar d’Allemagne de l’Est, dont le charme désuet participe à une esthétique troublante. Soudant, tronçonnant et ré agençant, l’amateur de Kubrick accumule les chapitres extraits d’une odyssée singulière. Les décors miniatures internes, que le spectateur doit souvent appréhender à travers judas et objectifs, sont des visions qui remodélisent l’approche artistique. Questionnant la marche progressiste de l’ingénierie et la solitude immuable de l’individu face à sa propre évolution, il décline le propos de Jean Fourastié qui, dans Le Grand Espoir du XXème siècle, soulignait que « la machine conduit l’homme à se spécialiser dans l’humain ». Car dans ces froides carapaces métalliques survit un instantané de poésie qui cherche à apaiser le mouvement du temps.
Ce constat d’un monde presque sans illusion (par le truchement des maquettes incluses) trouve une clef au cœur d'un paradoxe incessant : une fabrication- destruction qui engendre de nouvelles constructions mentales. Vous mettez l’œil dans un rouage et l’imaginaire bombarde… Marika Nanquette - 16 juillet 2009
Lenka & Lenka
Galerie Kabinet T, Zlin, Fotodokumentační výstava, 4/16 septembre 2014 :
Il faut s’appeler Chaussonnet pour « julesverniser » une cocotte-minute !
Pour peu que l’on connaisse l’artiste, aussi gourmand que gourmet, on ne s’étonnera finalement pas plus que cela qu’il s’attaque à un autocuiseur, dont l’aspect et le volume, ramené à celui d’une cuisine, évoque sans trop de détours les imposantes œuvres qu’il a l’habitude de nous proposer. Nous retrouvons également sa palette de couleurs familière, quoi qu’un peu plus baroque. Mais cette fois-ci, peu de grivoiserie ou de projections futuristes dans la saynète intérieure, où guère d’espace n’est laissé à l’imagination du spectateur. Lenka et Lenka est en effet une œuvre conçue dans le cadre spécifique d’une exposition photographique de l’artiste à la Galerie Kabinet T., à Zlin, en République Tchèque. On y voit donc Lenka, la galeriste, et Lenka, le professeur d’art plastique, contemplant une sélection de photographies.
Y-aurait-il plus à dire sur le contenant ? Pour le coup, celui-ci permet de nombreuses projections, auxquelles contribue l’univers singulier de Pierre-Gilles Chaussonnet.
L’influence quasi évidente de Jules Vernes induite par la présence des hublots, ne semble pourtant pas nous permettre d’aller beaucoup plus loin dans ce sens. En effet, nul monstre marin à l’horizon de cet autre voyage extraordinaire. Elles semblent pourtant un peu captives, ces deux jeunes femmes ! Et nous pourrions nous demander ce qui se joue pour l’artiste dans cette mise en abîme mise en abîme. Ne peut-on pas y entendre, par nos yeux, quelque chose de cette prière menaçante de Nemo : « Vous êtes venus surprendre un secret […], le secret de toute mon existence ! Et vous croyez que je vais vous renvoyer sur cette terre qui ne doit plus me connaître ! Jamais ! En vous retenant, ce n’est pas vous que je garde, c’est moi-même ! »
D’autres spectateurs seront saisi par l’idée d’une soucoupe volante de Série B., et chercherons peut-être à décrypter par quel vortex ou univers parallèle analyser l’œuvre. L’étrange sensation est majorée par le revêtement blanc de la cuve, qui évoque la salle blanche de 2001 L’odyssée de l’espace ou même les cellules d’isolement des services psychiatriques.
Certains envisageront une lecture plus sémantique et terre à terre, et s’interrogeront sur les pressions sociopolitiques actuelles exercées sur le milieu de l’art contemporain et particulièrement sur les statuts accordés aux artistes, et sur les enjeux que cela produit.
D’autres, pourquoi pas, se demanderont si la présence d’une boule rouge ornant le couvercle à la place du volant, nous invite à une bonne blague : comment fait-il l’idiot, cette fois-ci, le Chaussonnet ? Comment va-t-il nous cuisiner ?
Exploitations du sens symbolique, connotations volontaires de l’artiste, analyses projectives ? Autant de propositions qui ne sont pas exhaustives, mais l’artiste le dit lui-même : « Ce qui m'intéresse profondément, c'est de fabriquer des choses, pour montrer ce que je pense de la société d'une manière générale […] Moi, je fais, je présente, et je vous laisse libre d’y réfléchir, tout simplement. »
Amusant de se souvenir que l’ancêtre de la Cocotte-Minute s’appelait le Digesteur !
Agnès Leussier - 04 Août 2014